Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je vous avoue que je ne m’habitue pas au charme de sa conversation. Pourtant, son esprit s’endort souvent, sa pensée a besoin du grand air, et jamais il ne cause si bien qu’à travers champs, mais n’importe. Même dans un salon bien clos, il garde toujours je ne sais quoi qui repose, rafraîchit, et fait qu’on l’écoute comme on marche sur la mousse, comme on écoute le ruisseau couler. — Il ne lui manque qu’un peu de ce charme troublant qui nous faisait extravaguer devant le portrait de Chateaubriand. Je dis faisait. Au fond, cette belle tête peignée par le vent, me plaît encore plus qu’on ne saurait dire. Mais décidément c’est trop René. Admirez ma sagesse. Je voudrais apprendre à comprendre, à pratiquer la vie, je voudrais oublier le beau ténébreux et ses immortelles tristesses. Pourtant, cet ennuyé est bien aimable. Convenez-en.

M. de Montbrun assure que vous allez retrouver votre gaieté derrière les grilles. Quoiqu’il vous ait peu vue, il ne vous a pas oubliée ; vous lui plaisez, et comme on me fait plaisir en vous rendant justice, je ne lui ai pas laissé ignorer que vous le trouvez