Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des petites : l’esprit de parti a remplacé l’esprit national.

Non, le patriotisme, cette noble fleur, ne se trouve guère dans la politique, cette arène souillée. Je serais heureux de me tromper ; mais à part quelques exceptions bien rares, je crois nos hommes d’État beaucoup plus occupés d’eux-mêmes que de la patrie.

Je les ai vus à l’œuvre, et ces ambitions misérables qui se heurtent, ces vils intérêts, ces étroits calculs, tout ce triste assemblage de petitesses, de faussetés, de vilenies, m’a fait monter au cœur un immense dégoût, et dans ma douleur amère, j’ai dit : Ô mon pays, laisse-moi t’aimer, laisse-moi te servir en cultivant ton sol sacré !

Je ne veux pas dire que vous deviez faire comme moi. Et dans quelques années, si la vie publique vous attire invinciblement, entrez-y. Mais j’ai vu bien des fiertés, bien des délicatesses y faire naufrage, et d’avance je vous dis : Que ce qui est grand reste grand, que ce qui est pur reste pur.

Cette lettre est grave, mais la circonstance l’est aussi. Je sais qu’un amoureux envisage le mariage sans effroi ; et pourtant, en vous