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cesse, je relis votre lettre pour me convaincre de mon bonheur.

Mademoiselle votre fille peut-elle croire que je veuille la séparer de vous ? Non, mille fois non, je ne veux pas la faire souffrir. D’ailleurs, sans flatterie aucune, votre compagnie m’est délicieuse.

Et pourquoi, s’il vous plaît, ne serais-je pas vraiment un fils pour vous ? Je l’avoue humblement, je me suis parfois surpris à être jaloux de vous ; je trouvais qu’elle vous aimait trop. Mais maintenant je ne demande qu’à m’associer à son culte ; il faudra bien que vous finissiez par nous confondre un peu dans votre cœur.

Vous dites, Monsieur, que mon père était l’homme le plus loyal, le plus franc que vous ayez connu. J’en suis heureux et j’en suis fier. Si j’ai le bonheur de lui ressembler en cela, c’est bien à lui que je le dois.

Je me rappelle parfaitement son mépris pour tout mensonge, et je puis vous affirmer que sa main tendrement sévère le punissait fort bien. « Celui qui se souille d’un mensonge, me disait-il alors, toutes les eaux de la terre ne le laveront jamais. »