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Mais le cygne finit par l’absorber. Elle lui jetait des miettes de pain, en lui faisant mille agaceries dont il est impossible de dire le charme et la grâce ; et l’oiseau semblait prendre plaisir à se faire admirer. Il se mirait dans l’eau, y plongeait son beau cou, et longeait fièrement les bords fleuris de ce lac en miniature où se reflétait le soleil couchant.

— Est-il beau ! est-il beau ! disait Angéline enthousiasmée. Ah ! si Mina le voyait !…

Elle me tendit les dernières miettes de son pain, pour me les lui faire jeter. Les rayons brûlants du soleil glissant à travers le feuillage tombaient autour d’elle en gerbes de feu. Je fermai les yeux. Je me sentais devenir fou. Elle, remarquant mon trouble, me demanda naïvement :

— Mais, monsieur Darville, qu’avez-vous donc ?

Mina, toutes mes résolutions m’échappèrent. Je lui dis :

— Je vous aime ! Et involontairement je fléchis le genou devant elle qui tient le bonheur et la vie, dans sa chaste main.

Je n’avais pas été maître de penser à ce