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servante, vint me chercher de la part de son maître.

Malheureusement, sur le seuil de la porte, je rencontrai Angéline, qui me dit : — Venez voir mon cygne.

Et comme tu penses, je la suivis. Comment refuser ?

Tu sais peut-être qu’un ruisseau coule dans le jardin, très vaste et très beau. M. de Montbrun en a profité pour se donner le luxe d’un petit étang qui est bien ce qu’on peut voir de plus joli. Des noyers magnifiques ombragent ces belles eaux, et les fleurs sauvages croissent partout sur les bords et dans la mousse épaisse qui s’étend tout autour de l’étang. C’est charmant, c’est délicieux, et le cygne pense de même car il affectionne cet endroit.

Angéline nu-tête, un gros morceau de pain à la main, marchait devant moi. De temps en temps, elle se retournait pour m’adresser quelques mots badins. Mais arrivée à l’étang, elle m’oublia.

Son attention était partagée entre les oiseaux qui chantaient dans les arbres, et le cygne qui se berçait mollement sur les eaux.