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On se souvient encore de cet étrange propos. Tu sais qu’il se lassa vite d’être militaire pour la montre, et se fit cultivateur. Il a prouvé qu’il n’entendait pas non plus l’être seulement de nom.

Angéline m’a raconté que le jour de ses noces, son père alla à son travail. Oui, mon cher, — c’est écrit dans quelques pages intimes que Mme de Montbrun a laissées — dans la matinée il s’en fut à ses champs.

C’était le temps des moissons, et M. de Montbrun était dans sa première ferveur d’agriculture. Pourtant, si tu veux réfléchir qu’il avait vingt-trois ans, et qu’il était riche et amoureux de sa femme, tu trouveras la chose surprenante.

Ce qui ne l’est guère moins, c’est la conduite de Mme de Montbrun.

Jamais elle n’avait entendu dire qu’un marié se fût conduit de la sorte ; mais après y avoir songé, elle se dit qu’il est permis de ne pas agir en tout comme les autres, que l’amour du travail, même poussé à l’excès, est une garantie précieuse, et que s’il y avait quelqu’un plus obligé que d’autres de travailler, c’était bien son mari, robuste comme