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Je vous aime ! cri involontaire de son cœur, qui vint troubler le mien.

Mon père, Mina, Maurice et moi, tous nous avions un faible pour cet endroit solitaire et charmant. Que de fois nous y sommes allés ensemble. Ces beaux noyers ont entendu bien des éclats de rire. Maintenant mon père est dans sa tombe, Mina dans son cloître, et moi vivante, Maurice n’y reviendra jamais ! Il disait de cette belle mousse qu’on devrait se reprocher d’y marcher, que fouler les fleurs qui s’y cachent, c’est une insulte à la beauté.

Ce soir, tout était délicieusement frais et calme autour de l’étang. Pas le moindre vent dans les arbres ; pas une ride sur ces eaux transparentes, glacées de rose. Couchée sur la mousse, je laissais flotter mes pensées, mais je ne sentais rien, rien que lassitude profonde de l’âme.


5 septembre.

Pauvre folie que je suis ! J’ai relu ses lettres, et tout cela sur mon âme c’est la flamme vive sur l’herbe desséchée.