Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/221

Cette page a été validée par deux contributeurs.

son départ pour l’Europe, il me dit — et avec quelle noblesse :

« Je ne redoute de votre part ni inconstance, ni soupçons. Je crois en vous, et je sais que vous croyez en moi. »

Oui, je croyais en lui. Que n’y ai-je toujours cru ? Sa parole donnée, c’était la servitude fière et profonde ; mais il est triste de n’avoir que des cendres dans son foyer.


31 août.

 
« Tu m’appelles ta vie, appelle-moi ton âme,
Je veux un nom de toi qui dure plus d’un jour.
La vie est peu de chose, un souffle éteint sa flamme.
Mais l’âme est immortelle, ainsi que notre amour. »

Alors, il croyait en son cœur comme au mien ; il ne comprenait pas que l’amour pût finir. Mais cette tendresse, qui se croyait immortelle, s’est changée en pitié, — et la pitié d’un homme, — qui en voudrait ?

D’ailleurs, ce triste reste ne m’est pas assuré. Bientôt, que serai-je pour lui ? Une pensée importune, un souvenir pénible, qui viendra le troubler dans son bonheur. Son bonheur ! Non, il ne saurait être heureux.