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J’incline à croire qu’il se représentait les religieuses comme ayant toujours marché les yeux baissés, et toujours porté de grands châles, en toute saison. Votre vocation a bouleversé ses idées.

Chère amie, vous me conseillez les voyages puisque ma santé le permet. J’y pense un peu parfois, mais vraiment, je ne saurais m’arracher d’ici. Mon cœur y a toutes ses racines. D’ailleurs, il me semble que le travail régulier, sérieux, soutenu, est un plus sûr refuge que les distractions. Malheureusement, se faire des occupations attachantes c’est parfois terriblement difficile. Mais comme disait mon père, une volonté ferme peut bien des choses. Moi, je veux rester digne de lui. Ai-je besoin de vous dire que je m’occupe beaucoup des malheureux. Et, grand Dieu ! que deviendrais-je si le malheur ne faisait pas aimer ceux qui souffrent ? mais il y a ce superflu de tendresse dont je ne sais que faire.

La solitude du cœur est la souveraine épreuve.

Vous avez raison, la position de votre frère est bien triste. Ne songe-t-il pas à la