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9 août.

Dans l’isolement, quand l’âme a encore sa sensibilité tout entière et toute vive, il y a une étrange volupté dans les souvenirs qui déchirent le cœur et font pleurer. Ces chers souvenirs de tendresse et de deuil, je m’en entoure, je m’en enveloppe, je m’en pénètre, ou plutôt ils sont l’âme même de ma vie.

Cette conduite n’est pas sage, je le sais ; mais qui n’aime mieux la tempête que le calme plat — ce calme terrible qui abat, qui anéantit les plus fiers courages.


15 août.

J’ai honte de moi-même. Qu’ai-je fait de mon courage ! qu’ai-je fait de ma volonté ?

Jamais, non jamais, je n’aurais cru que l’âme pût se renverser ainsi dans les nerfs. Je ne saurais rester en repos. Je suis parfaitement incapable de tout travail, de toute application quelconque. Malgré moi, mon livre et mon ouvrage m’échappent des mains. Tout m’émeut, tout me trouble, et