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affreusement, j’avais le vertige. Pourtant, à travers les roulements du tonnerre, je distinguais la voix de Maurice qui me suivait de près, et me criait souvent « N’ayez pas peur ».

Je tenais ferme, mais au bas d’une côte, à un détour du chemin, mon cheval fit un brusque écart, se retourna, bondit par-dessus une grosse roche, et fou de terreur reprit sa course. Maurice avait sauté à terre et attendait. Quand je le vis s’élancer, je crus que le cheval allait le renverser ; mais il le saisit par les naseaux et l’arrêta net. Ce moment d’angoisse avait été horrible. Toute ma force m’abandonna, les rênes m’échappèrent, je tombai.

D’un bond Maurice fut à côté de moi. Par un singulier bonheur, j’étais tombée sur des broussailles qui avaient amorti ma chute. Je n’avais aucun mal. J’étais seulement un peu étourdie.

Mon père arrivait à toute bride, mortellement inquiet. Il comprit tout d’un coup d’œil et, dans un muet transport, nous serra tous deux dans ses bras.

Ô mon Dieu, vous le savez, sa première