Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/195

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la croix de bois noir qui orne le mur blanchi à la chaux de sa pauvre demeure.

Cette jeune femme m’inspire un singulier intérêt. Jamais elle ne se plaint, mais on sent qu’elle a souffert. Pour elle le rude et incessant travail, les privations de toutes sortes, ne sont pas ce qu’il y a de plus difficile à supporter. Mais elle accepte tout. « Il faut gagner son paradis », me dit-elle parfois.

Il y a sur ce pâle et doux visage quelque chose qui fortifie, qui élève les pensées. Que de vertus inconnues brilleront au grand jour ! Que de grandeurs cachées seront dévoilées chez ceux que le monde ignore ou méprise ?

Un jour, Ignace de Loyola demanda à Jésus-Christ qui, dans le moment, lui était le plus agréable sur la terre, et Notre-Seigneur répondit que c’était une pauvre veuve qui gagnait, à filer, son pain et celui de ses enfants. Mon père trouvait ce trait charmant, et disait : « Quand je vois mépriser la pauvreté, je suis partagé entre l’indignation et l’envie de rire. »