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les deux vigoureux sapins dont j’aimais à voir l’ombre dans l’eau, minés par les vagues, penchent aussi vers la terre. Cela m’a fait faire des réflexions dont la tristesse n’était pas sans douceur. « Une montagne finit par s’écrouler en flots de poussière, et un rocher est enfin arraché de sa place. La mer creuse les pierres et consume peu à peu ses rivages. Ceux donc qui habitent des maisons de boue ne seront-ils pas beaucoup plus tôt consumés ? »


25 juillet.

J’aime me rapprocher des pauvres, des humbles, c’est-à-dire des forts qui portent si vaillamment de si lourds fardeaux. Souvent, je vais chez une pauvre femme restée sans autre ressource que son courage, pour élever ses trois enfants. La malheureuse a vu périr son mari presque sous ses yeux.

La mer a gardé le corps, mais quelques heures après le naufrage, la tempête jetait sur le rivage les débris de la barque avec les rames du pêcheur ; et la veuve a croisé les rames, en travers des poutres, au-dessus de