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y a quinze ans, je me serais trouvée absolument sans ressources, si M. de Montbrun eût exigé le paiement de ce qui lui était dû. Mais en apprenant que mon père s’était ruiné, qu’il ne me restait plus que la ferme des Aulnets, et qu’il faudrait la vendre pour le payer : « Pauvre fille dit-il, sa vie est déjà assez triste ! »

Et aussitôt, il fit un reçu pour le montant de la dette, le signa, et le remit à M. L. en lui faisant promettre le plus inviolable secret. M. L. m’a raconté cela après avoir reçu mon testament.

« Au point où vous en êtes, m’a-t-il dit, ça ne peut pas vous humilier. » Et il a raison.

Chère Mademoiselle, depuis que je sais ces choses, j’y ai pensé souvent. Je gardais à Monsieur votre père, une reconnaissance profonde pour l’intérêt qu’il m’a témoigné, pour la courtoisie parfaite avec laquelle il m’a toujours traitée, et à la veille de mourir, j’apprends que je lui ai dû le repos, l’indépendance et la joie de pouvoir donner souvent.

Que ne puis-je quelque chose pour vous, sa fille ! On dit que vous avez fait preuve