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cher petit ! je ne l’ai que depuis quelques heures, et ça me ferait de la peine de le perdre. Il est si gentil et chante si bien. N’est-ce pas aimable de la part de ces enfants d’avoir pensé à me faire plaisir ?

Ce soir, il m’a pris fantaisie d’aller les remercier. Je les ai trouvés assis sur le seuil de leur petite maison. Marie, jolie et fraîche à faire honte aux roses, enfilait des graines d’actée pour s’en faire des colliers, et Paul la regardait faire.

En la voyant si charmante, je me rappelai ce que j’étais, alors que Maurice m’appelait « La fleur des champs » et une tristesse amère me saisit au cœur.

Rien de plus aimable, de plus touchant à voir, que la mutuelle tendresse de ces deux beaux enfants. « Ils ne peuvent se perdre de vue », dit leur grand-mère, et c’est bien vrai.

Pauvres petits ! que deviendra celui des deux qui survivra à l’autre ? Une grande affection, c’est le grand bonheur de la vie, mais aux grandes joies les grandes douleurs. Pourtant, même après la séparation sans retour, quel est celui qui, pour moins souffrir