Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/111

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Vous dites que je vous ai donné bien des soucis. Ma chère, j’en ai eu aussi beaucoup. Je crois, comme Madame de Staël, qu’une femme, qui meurt sans avoir aimé, a manqué la vie, et, d’autre part, je sentais que je n’aimerais jamais qu’un homme digne de l’être.

Il est vrai que plusieurs aimables « pas grand chose » m’ont voulu persuader qu’il ne tenait qu’à moi de les rendre parfaits, ou peu s’en faut. Mais je trouve triste pour une femme de faire l’éducation de son mari.

J’aime mieux me marier avec un homme accompli. Pourtant, je l’avoue, quelqu’un, qui ne l’était pas, m’a beaucoup intéressée. Je connaissais sa jeunesse orageuse, mais sa mélancolie me touchait. Je pensais à saint Augustin loin de Dieu, à ses glorieuses tristesses. « Chère belle âme tourmentée ! » me disais-je souvent. Plus tard, je sus… passons.

Il paraît que Mlles V… s’épuisent encore à dire que je suis foncièrement impertinente, que je traiterai mon mari comme un nègre. Le pauvre homme ! N’en avez-vous pas pitié ?