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cendus ici-bas, sous la figure de l’homme, n’étaient pas plus beaux que son fils et, par parenthèse, l’heureuse mère exagérait à peine.

Charles Garnier avait vraiment cette noble et radieuse beauté que l’on prête aux envoyés divins. Rien qu’à le regarder, on sentait qu’il portait, en lui, la vie brûlante et la paix céleste. Pas une ombre ne semblait avoir encore passé sur son front, et les yeux, d’un bleu tendre et rayonnant, avaient une expression qui imposait et qui ravissait.

Mais, ce soir-là, ces beaux yeux étaient appesantis par le sommeil. Madame Garnier s’en aperçut, et se levant : — À demain, mon très cher, dit-elle, en l’embrassant.

Il la reconduisit jusqu’à la porte et allait gagner son lit, quand on l’appela, à demi-voix, de la pièce voisine.

— Que voulez-vous, Réginald ? demanda-t-il.

Et, traversant la pièce, il souleva une lourde portière.

— Je voudrais vous parler… si vous n’êtes pas trop fatigué, répondit un jeune homme debout à une table qui portait de la lumière et des livres.

Charles Garnier dissimula un bâillement, et, sans rien dire, passa chez son compagnon de voyage, Réginald de Brunand.