passer un hiver chez les Hurons ; et, tout en chassant avec mon hôte, le chef Darontal, j’ai appris un peu la langue. Mais je suis encore obligé de recourir à mes interprètes.
— Eh bien, répliqua le missionnaire, en attendant de parler le huron, je baptiserai toujours quelques enfants mourants. Pour sauver une seule de ces petites âmes, je traverserais l’océan et j’irais vivre chez les sauvages.
— Le salut d’une âme vaut mieux que la conquête d’un empire, murmura Champlain.
— Vous l’avez déjà dit hautement, monsieur ; et, si je me rappelle bien, vous ajoutiez : Les rois ne doivent songer à s’emparer des pays idolâtres que pour les soumettre à Jésus-Christ.
— Il n’est pas nécessaire d’être grand docteur pour trouver cela.
— Non, fit le religieux, souriant ; il suffit d’avoir la foi, ces yeux illuminés du cœur dont parle saint Paul. Croyez-vous, monsieur, que les peuples du Canada soient bien difficiles à christianiser ?
— C’est à se demander si on y arrivera jamais… Les Récollets ont beaucoup travaillé… mais, travailler à instruire les sauvages, c’est, à la lettre, semer sur le sable mouvant, sur les pierres roulantes.