Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.

craigniez qu’il ne veuille se faire religieux, comme ses frères ?

— Jamais il n’aura mon consentement, s’écria M. Garnier avec violence.

— Il ne le vous demandera peut-être pas, répondit M. de Champlain très calme.

— Comment cela, s’il vous plaît ? demanda le magistrat avec un étrange accent.

— Comment ?… C’est très simple… Vous verrez que le pauvre garçon sera amoureux fou avant un mois.

M. Garnier sourit.

— Sa mère assure mille fois le jour qu’il ne saurait s’en empêcher. Elle dit que la Providence a tout réglé, que ce n’est pas pour rien que Dieu a jeté cette chère enfant dans nos bras…

— Quel âge a maintenant votre fils ?

— Dix-neuf ans.

— A-t-il vu souvent mademoiselle Méliand ?

— Depuis neuf ans, elle était à Port-Royal. Nous le menions la voir aussi souvent que possible ; il l’aimait extrêmement, et les deux enfants se considéraient comme destinés l’un à l’autre… C’était vraiment rafraîchissant d’entendre leurs beaux projets… de voir leur tendresse, leur intimité. Mais, depuis que ses frères sont religieux, Charles ne parle plus que de faire la volonté de