Le jésuite leur fit mille tendresses et employa le reste de la matinée à les instruire. Les enfants partis, il rompit son jeûne en mangeant quelques glands et s’en alla faire la visite journalière des cabanes.
La journée s’avançait. Il était environ trois heures de l’après-midi quand le cri de Natahoué ! Natahoué ! (les Iroquois ! les Iroquois !) retentit tout à coup dans le village tranquille.
Les guerriers, partis pour aller à leur rencontre, avaient fait fausse route, et les terribles ennemis arrivaient en effet aux portes du bourg qu’ils savaient dégarni d’hommes.
Charles Garnier était dans une cabane occupé à instruire un malade.
Il sort aux cris d’épouvante, et reconnaît du premier coup d’œil que personne ne songe à la défense, qu’il n’y a rien à espérer de cette population terrifiée et privée de ses meilleurs hommes.
Il marche droit à l’église où les chrétiens couraient se réfugier, et d’une voix qui domine tout le tumulte :
« Fuyez, mes frères, fuyez par où vous pourrez échapper. Portez votre foi avec vous le reste de votre vie et que la mort vous trouve songeant à Dieu. »