Il s’agenouilla pour baiser le poteau où on allait l’attacher et fit une prière. Pendant qu’on le liait, nous apercevant autour de lui, il nous dit : Mes enfants, j’ai pitié de vous plus que de moi : levons les yeux au ciel, dans le plus fort de nos douleurs. Souvenons-nous que Dieu est le témoin de nos souffrances et sera bientôt notre trop grande récompense…
On lui amena son petit compagnon, qui se jeta à ses pieds et baisa ses plaies. Il était tout couvert d’écorces de sapin ; il avait l’air d’un enfant, il semblait trop faible pour supporter la douleur.
On conduisit le petit à son poteau et les Iroquois le percèrent avec des allènes. Ils lui enlevaient des morceaux de chair et les faisaient cuire sous ses yeux. Mais sa chair n’était pas bonne à leur goût, ils la jetaient avec dédain. On alluma les écorces qui le couvraient ; quand il sentit les flammes, il leva les bras au ciel en gémissant. Il ne pouvait s’empêcher de laisser voir qu’il sentait la douleur.
— Le P. Lallemant languit longtemps ?
— Oui ! les Iroquois le menèrent dans une cabane pour s’acharner sur Héchon… Héchon était un brave, il avait le cœur d’un grand chef et les supplices les plus terribles n’ont pu lui arra-