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et le P. Lallemant vint prendre ma place… qu’allez-vous faire ? ajouta-t-il, regardant le P. Garnier.

— Je ne suis pas en danger de mourir de faim, les glands peuvent me mener loin. Je vais donc rester avec nos pauvres sauvages.

Le P. Chabanel n’insista pas. Il savait que toutes les prières seraient inutiles.

— Quand veux-tu partir ? demanda-t-il au Huron.

— Ce soir… Moi et mes camarades, nous voulons aller coucher à Ekarennondi[1].

— As-tu quelque message pour les Pères ?

— Oui… J’ai une écorce blanche qui parle, répondit le Cerf-Rusé.

Le P. Chabanel fit un paquet de ses pauvres hardes et de ses manuscrits hurons, puis il sortit pour aller prier une dernière fois dans l’église sur laquelle un chêne magnifique étendait ses branches dépouillées.

Pendant ce temps, Charles Garnier tira d’une boîte un encrier et une feuille de papier et, s’asseyant par terre devant le feu, écrivit à son supérieur la lettre suivante que les Relations ont conservée.

  1. Saint-Mathias, à trois lieues de Saint-Jean.