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une grande pitié de les voir arriver dans la journée du 16 mars… Dans la seule matinée, nous en reçumes plus de cinq cents. Vous avez encore beaucoup de ces pauvres fugitifs à Saint-Jean.

— Oui, le gros de la nation s’est réfugié dans nos montagnes, et la famine commence à se faire rudement sentir.

— C’est le fléau universel. Aussitôt rendu à Saint-Joseph, nous allons commencer les travaux. L’île d’Ekaentoton offrait bien plus de ressources, mais elle est à soixante lieues. Ces pauvres Hurons ne peuvent se résoudre à s’éloigner autant ; ils espèrent revenir bientôt au pays de leurs pères… Vous savez que le P. Chaumonot est déjà rendu à Saint-Joseph ? Il a fait commencer les défrichements.

— Prenez-vous le vaisseau ? demanda Charles Garnier.

— Non. J’ai fait construire un radeau à l’entrée de la rivière — avec des arbres longs de cinquante à soixante pieds — et je vais m’y embarquer avec le P. Bressani et la plupart des Français… Nos sauvages ont leurs canots.

— Pauvres Hurons ! murmura Charles Garnier, la rage de leurs ennemis n’est pas encore satisfaite.

— Non… il faut s’attendre à tout… et vous êtes