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trouvaient en face d’une nécessité aussi pressante qu’amère.

Autour de l’habitation, rien ne semblait changé.

De tous côtés, les arbres centenaires bornaient toujours la vue à Sainte-Marie, mais par delà ces tranquilles horizons de verdure, les bourgades huronnes ne se voyaient plus à travers la forêt.

Quelques débris de palissades, des poteaux à demi consumés, de vastes clairières couvertes de cendres en indiquaient seulement la place.

Partout régnait une étrange, une désolée solitude, et la péninsule huronne n’était plus qu’une ruine.

Sans que personne en eût soupçon, une armée de mille Iroquois avait hiverné dans le pays. Après avoir fait plus de cent lieues sans être aperçue, cette armée, dans la nuit du 16 mars 1649, avait envahi le village de Saint-Ignace, puis au lever du soleil, celui de Saint-Louis, à une lieue de Sainte-Marie.

La prise de ces bourgs situés au cœur même du pays, les cruautés sans nom que les Iroquois y commirent avaient jeté l’épouvante dans les plus fermes cœurs, et la nation huronne s’était dispersée.

En quelques jours, quinze grands bourgs avaient été abandonnés, chacun mettant le feu à sa