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venu. La jolie cloche au timbre d’argent a remplacé le vieux chaudron dont je me servais pour annoncer les offices. Mes sauvages l’ont suspendue à un chêne qui ombrage ma chapelle. Ils ont tous voulu la faire sonner pour voir si elle parlerait aussi bien entre leurs mains que dans les miennes : jamais les montagnes du Petun n’avaient entendu si belle musique.

La bourgade Etharita, ou mission Saint-Jean, dont j’ai maintenant la charge, est aux frontières du pays, à douze lieues de Sainte-Marie.

Le P. Jogues et moi fûmes les premiers à y mettre le pied en novembre 1639. Nous arrivâmes au premier village, à l’entrée de la nuit. (C’était au plus fort des calomnies contre les Robes-Noires). Les enfants couraient devant nous, en criant que la peste et la famine arrivaient. Les chiens aboyaient, les portes se fermaient.

Nous fûmes l’hiver entier à parcourir les neuf bourgades du Petun, et pendant tout ce temps, nous ne pûmes obtenir un coin de cabane pour y dire la messe. Sans la protection divine, nous aurions péri mille fois au lieu d’une.

Maintenant, nous avons ici une chapelle et un nombre considérable de chrétiens.

La foi fait d’admirables progrès, mais les fléaux vont aussi croissant.