Leur salle de communauté était déjà sombre, mais la flamme du foyer éclairait vivement un tableau suspendu au mur.
Le supérieur conduisit le P. de Brébeuf en face de ce tableau qui représentait le crucifiement :
— Regardez, dit-il, avec une émotion soudaine et solennelle ; voilà le seul objet qui nous soit parvenu depuis trois ans… En le découvrant, j’eus l’impression qu’il nous faudrait encore passer par des souffrances terribles… Je me rappelai, mon Père, la croix qui vous apparut en 1640, venant du pays des Iroquois… croix assez grande, disiez-vous, pour que nous y fussions tous attachés.
— Tant mieux, tant mieux, s’écrièrent allègrement les religieux qui écoutaient avec respect.
Jean de Brébeuf sourit.
— La foi fait des progrès bien consolants, n’est-ce pas ? demanda-t-il.
— Des progrès étonnants, admirables, répondit le supérieur. On voit assez que les anges y travaillent plus que nous. Les desseins de Dieu sont bien au-dessus de nos pensées, mon Père, et la famine… la guerre… tous ces maux qui semblaient plus que jamais devoir abattre le christianisme, l’ont puissamment établi… La foi est respectée. Nous avons des chapelles dans toutes nos