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manquaient aux ouvriers et quels prodiges d’effrayant travail représentait le Fort Sainte-Marie.

Suivant la berge du canal, il poussa une porte pratiquée dans le mur, et les Jésuites se trouvèrent en face de la maison.

Longue d’environ cent pieds, mais très basse, cette maison, le paradis des missionnaires, était bâtie de troncs d’arbres équarris et superposés horizontalement.

Comme les religieux montaient les rudes marches du perron, les deux battants de la porte s’ouvrirent devant le P. Jérôme Lallemant, supérieur de la mission, qui accourait essoufflé et rayonnant.

À l’intérieur, plusieurs missionnaires, de passage à Sainte-Marie, s’étaient rangés en hâte, pour recevoir le fondateur de la mission huronne.

Parmi eux, se trouvait Charles Garnier.

Certes, les fatigues et les privations avaient laissé leurs traces. Son beau visage s’était décharné, il avait le teint cuivré des blonds qui ont beaucoup vécu au grand air ; mais son regard, ce regard, qui parlait sans cesse d’un monde invisible, était devenu plus beau encore, et aucun des missionnaires ne fit sur ceux qui arrivaient, une si heureuse impression.

Après avoir fait trois cents lieues en canot, tou-