Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/225

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pays après notre arrivée… et tous les contes et les haines qui en ont été la suite. Cette maladie semblait arrêtée… Nous commencions à respirer. Mais dans l’été de 1639, les bandes montant de Québec apportèrent la petite vérole, le plus terrible des fléaux, pour les Peaux-Rouges. La maladie ne tarda pas à faire d’affreux ravages… Ces pauvres Hurons crurent plus que jamais que nous jetions des sorts sur le pays et nous chassèrent d’Ossossané… Le P. de Brébeuf, toujours tenu pour le plus grand sorcier, fut même outrageusement battu. J’ignore ce que Dieu veut faire, mais c’est un fait : partout où nous mettons le pied, la maladie et la mort nous suivent.

— C’est bien étrange, dit Gisèle. Et quelqu’un de vous a-t-il pris la petite vérole ?

— Non… Quoique sans cesse au milieu des mourants et des morts, nous n’avons pas été atteints. Cette marque si sensible de la protection divine confirme les sauvages dans l’opinion que nous sommes sorciers. Le chant des litanies, la récitation du bréviaire, la messe que nous célébrons portes closes, tout leur paraît de la magie noire. Notre horloge que le pays admirait tant est même devenue suspecte. Il a fallu l’arrêter.

Pourtant, malgré tout, la foi fait des progrès… Nous comptons parmi nos chrétiens, des capi-