Le religieux monta à l’autel.
Sa figure, flétrie par les souffrances, reflétait la paisible joie de son cœur.
Depuis le jour terrible où il s’était livré à la cruauté des Iroquois, afin de secourir et de consoler ceux qu’ils emmenaient prisonniers, c’était la première fois qu’il offrait le sacrifice de l’amour.
Pendant quelques instants, il s’arrêta devant l’autel pour laisser couler ses pleurs.
Et, sa pensée s’envolant au loin, il revit cette pauvre chapelle de Trois-Rivières où il avait dit la messe pour la dernière fois. Il revit l’humble chapelle et tous ceux qui y priaient avec tant de ferveur autour de lui : Guillaume Couture, René Goupil, Paul Ononcharaton et le noble chef Eustache Ahatsistari — gloire de la mission huronne.
— Ô mon Dieu ! vous l’avez voulu, murmura-t-il, refoulant ses larmes.
Joignant ses mains mutilées, il descendit les marches de l’autel et d’une voix qui pénétra bien des cœurs, prononça les paroles du signe de la croix.
Le confesseur de la foi avait récité l’Évangile et le Credo. Il allait commencer le sacrifice redoutable.
À ce moment un chant de femme s’éleva au milieu du silence profond, chant si pur, chant si