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de soupçonner un seul des Jésuites d’avoir reculé ou faibli un moment.

Parmi ces chevaliers du Christ, Charles Garnier fut l’un des plus grands, et chez lui, les dons extérieurs ajoutaient à la force un éclat, un charme auxquels les sauvages eux-mêmes, paraît-il, n’étaient pas insensibles.

« Ouvrier infatigable, dit le supérieur de la mission huronne dans les Relations, il avait tous les dons de la nature et de la grâce qui peuvent rendre un missionnaire accompli.

« Il possédait la langue des sauvages à un degré si éminent qu’ils l’admiraient eux-mêmes. Il entrait si avant dans les cœurs et avec une éloquence si puissante, qu’il les ravissait tous à soi ; son visage, ses yeux, son rire même, et tous les gestes de son corps prêchaient la sainteté. J’en sais plusieurs qui se sont convertis à Dieu, aux seuls regards de son visage vraiment angéliques, et qui donnaient de la dévotion et des impressions de chasteté à ceux qui l’abordaient, soit qu’il fût en prières, soit qu’il parût rentrer en soi, se recueillant de l’action d’avec le prochain, soit qu’il parlât de Dieu, soit même lorsque la charité l’engageait en d’autres entretiens qui donnaient quelque relâche à son esprit. L’amour de Dieu qui régnait en son cœur animait tous ses mouvements et les rendait divins…