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— Comme c’est beau !… murmura Charles Garnier.

— Les sauvages le nomment Karegrondi, dit le P. de Brébeuf, étendant la main vers le lac, et M. de Champlain, l’a nommé Mer douce… Ihonatiria est à trois quarts de lieue d’ici… Ce village n’est pas très considérable… Il vaut mieux se tenir à l’ombre, en attendant de bien connaître la langue et les usages.

— Est-ce ici, mon Père, que vous avez été abandonné, à votre arrivée, il y a deux ans ?

— Ici même… Nous avions mis trente jours à venir de Trois-Rivières, et, à part un jour de repos chez les Bissiriniens, j’avais ramé tout le temps… si bien que j’étais réduit à réciter mon bréviaire… le soir… à la lueur des tisons… Pour finir, arrivé ici… mes sauvages m’abandonnèrent tout seul à l’entrée de la nuit.

— Maintenant, vous allez faire connaissance avec les chemins du pays… et voici la route la plus courte pour se rendre chez nous, dit le P. de Brébeuf s’engageant dans l’un des sentiers de la forêt.

Ce sentier, frayé par les bêtes fauves, avait été élargi, et, les deux hommes, en écartant par ci, par là les fortes branches, pouvaient y marcher de front.