Mais le jeune missionnaire ne s’arrêta ni aux molles, ni aux terribles visions :
— Voluntas tua, voluptas mea, murmura-t-il, serrant son crucifix.
Et s’élançant le premier sur le rivage, il baisa cette terre huronne qui allait boire ses sueurs et peut-être son sang.
Comme il se relevait, un homme vêtu de noir et de haute et forte taille apparaissait, non loin de là, à la lisière de la forêt.
— Héchon, murmurèrent les sauvages.
— Le P. de Brébeuf… pensa Charles Garnier. Et, se découvrant, il marcha tête nue vers le supérieur de la mission qui venait à sa rencontre.
Son air noble, sa beauté, sa jeunesse, attendrirent Jean de Brébeuf :
— Loué soit Jésus-Christ ! dit-il, en l’étreignant dans ses bras.
Pendant un instant, ils confondirent leurs larmes, puis l’apôtre des Hurons appuya sa virile main sur la tête blonde de Charles Garnier et lui dit :
— Je suis ravi de vous voir ici… Je vous souhaite d’user vos forces et votre vie au service des pauvres sauvages… Êtes-vous bien fatigué, mon pauvre enfant ?
— Pas trop, répondit le jeune missionnaire, souriant à travers ses pleurs.