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attendait : car voici ce que leur écrivait le premier apôtre des Hurons, le P. de Brébeuf, d’héroïque mémoire, après avoir protesté qu’il ne voulait pas refroidir leur zèle, mais seulement donner quelques avis.

« Il est vrai, disait-il, que l’amour de Dieu a la force de faire ce que fait la mort, c’est-à-dire de nous détacher des créatures et de nous-mêmes ; néanmoins ces désirs que nous ressentons de coopérer au salut des infidèles ne sont pas toujours des marques assurées de cet amour épuré ; il peut y avoir quelquefois un peu d’amour-propre et de recherche de nous-mêmes, si nous regardons seulement le bien et le contentement qu’il y a de mettre des âmes dans le ciel sans considérer mûrement les peines, les travaux et les difficultés qui sont inséparables de ces fonctions évangéliques.

« Donc, afin que personne ne soit abusé en ce point, ostendam illi quanta hic oporteat pro nomine Jesu pati.

Il est vrai que les deux derniers venus, les PP. Le Mercier et Pijart, n’ont pas eu tant de peines que nous en leur voyage ; ils n’ont point ramé ; leurs gens n’ont pas été malades comme les nôtres ; il ne leur a point fallu porter de pesantes charges. Or, nonobstant cela, pour facile que puisse être la traversée des sauvages, il y a tou-