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Un instinct secret l’avertissait qu’elle allait souffrir.

Pendant quelques instants, elle resta debout, tournant et retournant la lettre entre ses doigts.

Puis, s’agenouillant devant son crucifix, elle l’ouvrit résolument.

Mais à peine avait-elle lu les premières lignes qu’elle laissa échapper le papier ; et, se levant :

— Non, mon Dieu ! s’écria-t-elle avec désespoir, non… non… jamais.

Devant elle, l’image du Christ se détachait sur la croix. Elle y jeta un regard involontaire ; et, comme effrayée de ses paroles, se couvrit le visage de ses mains et s’affaissa sur le plancher.

Longtemps elle resta ainsi, pleurant et sanglotant, prosternée contre terre.

Puis elle se releva, ramassa la lettre et, se jetant sur son lit, la lut jusqu’au dernier mot : — « Chère sœur, disait Charles Garnier, ce que j’ai à vous demander va vous paraître d’abord bien terrible ; mais il y a de la saine vigueur en vous, et vous m’aiderez, j’en suis sûr, à répondre aux desseins miséricordieux de Notre-Seigneur.

Gisèle, je veux être missionnaire ou, plutôt, Jésus-Christ m’appelle à la gloire de l’apostolat. Soyez-en assurée, c’est bien lui qui me dit, depuis longtemps, dans le secret du cœur : — Va au