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— M. de Champlain sera bientôt ici. Nous avons fait la traversée ensemble. Je l’ai quitté à Plymouth en route pour Londres, où il va travailler à se faire rendre Québec. La paix était conclue, lorsque les frères Kertk, huguenots au service de l’Angleterre, s’en sont emparés.

— Québec est au pouvoir des Anglais ! s’écria Gisèle. Mon Dieu ! quel malheur pour M. de Champlain ! Comment cela s’est-il fait ? mon Père.

— Depuis trois ans, Québec n’avait reçu ni provisions, ni poudre, ni balles. La flotte de M. de Roquemont a été arrêtée, en partie détruite par la flotte anglaise. Dès l’été dernier, les Kertk, mouillés à Tadoussac, avaient fait sommer M. de Champlain de leur livrer le fort. M. de Champlain reçut l’envoyé fort courtoisement et répondit : « Si les Anglais veulent nous attaquer, qu’ils s’acheminent au lieu de nous menacer de si loin ». Trompés par cette assurance, les Anglais n’osèrent pas, cette fois, risquer l’attaque. Pourtant, toute résistance était impossible. C’est à peine si les Français avaient cinquante livres de poudre ; et, quelques jours auparavant, deux tours du fort s’étaient écroulées. De plus, la faim commençait à se faire cruellement sentir à Québec. Mais, bonne mine n’est pas défendue, disait M. de Champlain. Il prit toutes les mesures possibles pour soulager