Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sique ; et, à l’indicible jouissance de ceux qui l’entouraient, ses tristesses prenaient souvent la forme musicale.

Mais la musique, qui centuple le sentiment, ne lui avait pas été d’un grand secours. La vraie source de consolation était plus haut. Gisèle le savait ; et il n’était pas sourd à son appel, le Dieu qu’elle invoquait, pour combler le vide immense insupportable, qui s’était fait dans sa vie. Grâce à la prière persévérante, elle sentait chaque jour son âme plus ferme, plus sereine : — Là, où il a volé, je tâcherai de gravir, disait-elle.

Mademoiselle Méliand ne s’était liée avec aucune des jeunes filles de son âge, mais une grave amitié l’unissait à madame de Champlain.

C’était chez elle qu’elle se rendait par un beau jour de novembre 1629.

Un loup de velours noir couvrait son visage, suivant la mode d’alors. Escortée par sa femme de chambre, elle marchait lentement, sans souci du va-et-vient des passants.

Rue Saint-Germain-l’Auxerrois, mademoiselle Méliand s’arrêta devant une vieille maison au balcon de fer ouvragé et aux larges fenêtres à petites vitres. — Je crois qu’il y a des nouvelles de M. de Champlain, dit la vieille bonne qui lui ouvrit.