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est nécessaire ici-bas. Mais la joie l’est-elle moins ? À quoi servirait la pluie sans les chauds rayons du soleil ? et que peut-on espérer d’une vie de tristesse ?

Ma jeunesse, vieillie tout à coup, n’a plus d’espoir, et mon cœur défaille devant la vie qui m’est faite ; car c’est fini, à jamais fini pour moi, de tout ce qui s’appelle bonheur. Le plus difficile n’est pas de se décider au sacrifice, mais de le soutenir, de le renouveler. Je l’éprouve à chaque instant. Et lui ?

Lui a le feu céleste dont je ne suis pas digne de brûler. Il a aussi la volonté héroïque. Folle que j’étais d’espérer ! Ah ! maintenant je le sais. Si, un instant trahi par son cœur, il a failli se prendre au bonheur de la terre, il s’en humiliera toute sa vie ; et le souvenir de cette heure d’entraînement suprême n’est déjà plus pour lui qu’une cendre, une poussière qu’il jettera sur son sacrifice pour en ternir l’éclat. »