— Ce que nous appelons la vie est bien peu de chose… une ombre… une fumée légère… Les années passent comme des instants, Gisèle, et bientôt ce monde aura disparu pour nous.
— Ah ! dit-elle, comme se parlant à elle-même, qu’il est triste de n’espérer plus qu’en la mort !
Et, se couvrant le visage de ses mains, elle pleura silencieusement.
— Mon enfant, dit le religieux après un instant, écoutez-moi… Voudriez-vous lui ravir le bonheur et la gloire de sa vocation religieuse ?…
Comme elle pleurait toujours sans rien répondre, il poursuivit :
— La vocation religieuse, il l’a, soyez-en sûre. Sans cette force divine qui est la grâce même de la vocation, il n’aurait pu tenir. Dites-moi, avez-vous jamais songé à ce jeune homme de l’Évangile que Jésus-Christ appelait et qui refusa de le suivre ?… Voudriez-vous que Charles fît comme lui ?
— Non, dit-elle, se redressant avec une force soudaine, je ne veux pas son malheur. Si Jésus-Christ l’appelle, qu’il le suive, qu’il m’abandonne, qu’il me foule aux pieds, j’y consens.
Et, se rejetant sur le sofa, elle cacha son visage dans la soie des coussins et sanglota convulsivement. Le religieux la regardait attendri jusqu’au