La marquise regarda soigneusement le cachet, coupa la soie et lut ce qui suit :
« Madame la marquise de Saulieu, je me souviens des services rendus par votre maison au feu roi et à ses prédécesseurs, je me souviens que votre fils a perdu la vie sur le champ de bataille, en défendant les droits du roi notre sire, Louis le Juste, aussi je ne veux point punir votre désobéissance à mes ordres comme je l’aurais fait pour toute autre personne. Vous avez donné asile en votre château à un rebelle nommé Jacques de Maulevrier, ou s’il n’y est point encore il va s’y rendre, assuré d’y trouver un refuge contre la justice du roi. Je vous fais cette lettre pour que vous ayez à me le livrer sur-le-champ, s’il est déjà à Saulieu, ou pour que vous ayez à le livrer s’il s’y présente plus tard. La personne qui vous remettra ceci a toute ma confiance, elle vous dira tout ce que vous devez savoir, je désire que vous ne lui fassiez aucune question. Elle vous entretiendra aussi d’un autre sujet, pour lequel vous lui donnerez toutes les satisfactions qu’il vous sera possible, cela me sera fort agréable et aussi au roi notre sire, qui s’y intéresse beaucoup. Sur ce, madame la marquise de Saulieu, j’espère vous trouver obéissante et je vous prie de me croire tout à vous.
RICHELIEU.
La lettre, écrite en entier de la main du cardinal,