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habitudes d’Isabelle que madame Legrand ne se l’expliquait point. Quant à la dame masquée, ses traits impénétrables ne révélaient pas ses impressions, mais elle marchait vivement par la chambre et prononçait à haute voix quelques exclamations incomplètes, cependant son émotion était incontestable, malgré ses efforts pour la dissimuler.

— Mademoiselle, ma chère enfant, répétait madame Legrand, vous exposez votre grand’mère, votre sœur, vous-même à la colère de Son Éminence. Que craignez-vous ? que pouvez-vous craindre ? retirez-vous, je resterai.

— Oh ! non, non, disait-elle, je ne m’en irai point.

Béatrix se pencha vers elle et lui dit quelques mots tout bas.

— Croyez-vous ? demanda-t-elle, en relevant la tête.

— Je vous en réponds.

— Ah ! c’est bien alors ! passez, madame.

Et elle ouvrit elle-même la porte que Béatrix soutenait.

— Je vous remercie, mademoiselle, mais soyez tranquille, j’aurai pour madame la marquise tous les égards qui lui sont dus.

Madame Legrand précédait l’envoyée de la cour, les deux enfants s’étaient enfuies vers l’autre issue, la marquise était assise près de son lit, où elle allait se mettre bientôt sans doute ; elle tenait en main un livre de prières, et son visage recueilli indiquait une pieuse