— Ce qu’une jeune fille de votre âge ne doit pas savoir, reculez-vous et laissez-moi l’entrée.
Mais la résistance doubla les forces et la persévérance d’Isabelle, elle s’élança vers la porte du cabinet de la marquise en s’appuyant le dos contre le chambranle :
— Non, vous n’entrerez pas, dit-elle.
— Cette jeune fille est folle ! reprit l’inconnue en se retournant vers la gouvernante, plus surprise qu’elle.
— Cette jeune fille est, je crois, sous l’influence d’une vive émotion, laissez-moi la raisonner, madame.
— Je n’ai pas le temps d’attendre, que cette scène se termine sur-le-champ, ou j’appelle les hoquetons de M. le cardinal, qui m’ont suivie, pour me faire livrer le passage.
— Vous entendez, mademoiselle ?
— Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! que faire ? murmura mademoiselle de Saulieu, en cachant sa tête dans ses mains.
Béatrix entrait en ce moment, inquiète aussi, mais timide, à l’aspect de sa sœur, qui pleurait à chaudes larmes, elle courut vers elle et la prit dans ses bras :
— Qu’avez-vous, ma sœur ? que vous fait-on ? que signifie cette violence ?
— Oh ! Béatrix ! Béatrix ! si vous ne voulez pas que je meure, aidez-moi à l’empêcher de passer.
Cette résistance était si extraordinaire, si hors des