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— C’est vous qui ne savez pas, au contraire, répliqua la jeune fille avec un accent déchirant. Oh ! je vous en supplie, je vous en conjure, qu’elle n’aille pas plus loin ! qu’elle n’aille pas plus loin !

L’insistance étrange de mademoiselle de Saulieu étonna sa gouvernante et commença à lui donner des soupçons. Que craignait-elle donc de cette inconnue ? n’était-elle pas chargée des pouvoirs du cardinal ? La violence serait-elle employée vis-à-vis d’une femme de cet âge, de cette importance et de cette qualité ! Rien n’était moins probable assurément. Madame Legrand comptait d’ailleurs exercer une surveillance minutieuse, et enfin si un attentat était résolu contre la liberté de la marquise, le ministre n’était-il pas tout puissant et parviendraient-elles à l’empêcher ? La raison voulait donc que l’on se soumit, madame Legrand prit un ton d’autorité, écarta de la main ses élèves qui résistaient encore :

— Venez, madame, et suivez-moi, ajouta-t-elle avec beaucoup de dignité.

Béatrix se rangea contre le mur, mais sa sœur, rouge et animée, contenant les larmes qui s’échappaient de ses yeux, courut en avant et attendit les deux femmes dans la salle où elles devaient nécessairement passer, et lorsqu’elles furent seules :

— Madame ! madame ! au nom du ciel ! qu’allez-vous dire à ma grand’mère ?

La dame recula surprise, et répondit avec hauteur :