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Legrand qui venait d’arriver, qui dois-je annoncer à madame la marquise ?

L’étrangère répéta ce qu’elle avait déjà raconté, montra de nouveau le sceau du cardinal et insista plus que jamais pour remplir sa mission. Madame Legrand l’écouta sans répliquer, s’inclina devant elle, et lui fit signe de descendre.

— Mais, madame, s’écria mademoiselle de Saulieu, nous ne pouvons permettre cette entrevue, nous ne le pouvons pas, en vérité. À l’âge de ma grand’mère dans son état de santé tout est dangereux. Que madame nous confie…

— Rien, mademoiselle, c’est un secret d’État.

Ce mot répondait à tout, en ce temps de soumission et de respect pour l’autorité établie. Les jeunes filles se regardèrent d’un air craintif, mais résolu encore pourtant, et semblèrent se consulter par ce regard.

— Pardon, madame, reprit Isabelle en se plaçant devant l’ambassadrice descendue de sa litière, pardon, mais un mot encore. Si vous nous faites l’honneur d’être notre hôte, les portes du château de Saulieu s’ouvriront toutes devant vous, soyez la bien venue ; si vous persistez dans votre résolution, mes domestiques ne me refuseront pas leur aide, et il n’en est pas un d’entre eux qui ne défende sa maîtresse sans s’inquiéter des conséquences.

— Mademoiselle ! s’écria madame Legrand, vous ne gavez pas…