— Radegonde, où est cette dame ? que je la voie sur-le-champ.
— Elle est encore dans sa litière.
— J’y vais, ma grand’mère ne nous suivra pas. Vite, vite, courons.
Radegonde était une vassale de la maison de Rochegude, ayant suivi sa maîtresse lorsqu’elle épousa M. de Saulieu, elle ne l’avait jamais quittée depuis. Son dévouement pour elle et pour les siens allait jusqu’au fanatisme. Elle avait élevé tous les enfants, elle les aimait comme leur mère, et l’idée qu’on put les contrarier en la moindre chose la mettait hors d’elle-même. Elle marchait devant mademoiselle de Grivelle, en lui recommandant la prudence ; dès qu’elles furent dans le vestibule elle lui montra de loin la litière, en ajoutant :
— Allez ! je serai là.
Béatrix avança sans timidité, sans gaucherie.
— Madame, dit-elle, vous désirez voir madame la marquise de Saulieu, n’est-ce pas ?
— Vous êtes mademoiselle de Saulieu ? demanda l’inconnue avec émotion. Je suis mademoiselle de Grivelle, madame. Mais que lui voulez-vous, à ma grand’mère ?
La dame ne répondit pas, elle arracha vivement une torche des mains d’un laquais, qui la portait, et la promenant autour du visage de Béatrix, elle l’examina curieusement :