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— Mon Dieu ! mon Dieu ! me destiniez-vous encore cette épreuve !

— Et je vous l’avoue, ma mère, si je suis forcée d’en accepter un autre, je ne resterai pas longtemps avec lui, avec vous.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! répétait la vieille femme en sanglotant.

— Isabelle, vous le voyez, vous voyez votre ouvrage, interrompit Béatrix d’un ton de reproche, qu’aviez-vous besoin de lui parler de Jacques à présent !

Isabelle jeta son long regard sur sa sœur, avec un sourire de pitié. Bien qu’une année seulement les séparât, la distance était immense entre elles. L’aînée avait éveillé son cœur, celui de la cadette sommeillait encore. L’une soulevait le rideau de l’avenir, et entrait dans cette voie des passions, où l’on marche si vite, en laissant des lambeaux de sa chair aux épines du chemin, l’autre tenait à l’enfance par ses joies naïves, par ses larmes puériles, elle ne se doutait pas qu’elle eût autre chose à connaître. L’amour de sa sœur pour Jacques ne la touchait point, elle ne le comprenait pas. Elle ne voyait en tout cela que la douleur de sa grand’mère, et ne mesurait pas plus cette douleur que le sentiment ignore.

— J’ai fait ce que j’ai dû, continua mademoiselle de Saulieu, ma grand’mère m’a entendue maintenant, c’est à elle de décider le reste.

Au moment même la porte s’ouvrit et une vieille