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reposerai maintenant. Mesdemoiselles, vous êtes instruites depuis votre enfance des projets de votre famille ?

— Oui, ma mère.

— Oh ! mon Dieu, l’on veut nous marier ! s’écria Béatrix.

— Vous avez dix-neuf ans, Isabelle, et vous dix-huit, c’est l’âge fixé par votre père, je dois accomplir ses volontés, je le lui ai promis et je le ferai.

Isabelle devint pâle comme un spectre et mit sa main sur son cœur, qui l’étouffait. Elle trouva la force de se contenir. Béatrix baissa les yeux.

— Monsieur de Fouquerolles arrivera demain, Isabelle ; M. d’Oston sera ici ce soir.

— M. d’Oston ? reprit étourdiment la jeune fille.

— Oui, M. d’Oston, votre cousin, ne savez-vous plus ce qu’il vient faire ?

— Bonne mère ! Et vous ?

— Moi, chères filles, je vous garderai ici dans ce vieux manoir, tant que vous voudrez y rester, mon beau couple de colombes ; quand vous vous envolerez, Dieu me fera, j’espère, la grâce de rejoindre ceux qui m’attendent dans la chapelle.

Une larme roula des longs cils de Béatrix, elle baisa la main de son aïeule et resta la tête appuyée sur ses genoux. Dans cette posture, elle était charmante. Isabelle, elle, se tenait debout, dans la même attitude de douleur et de réflexion, tout à coup elle rompit le silence et dit résolument à madame de Saulieu :