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cune un nom de terre par lequel on les distinguait, Béatrix s’appelait mademoiselle de Grivelle. Excepté dans leur intérieur, entre elles deux, elles ne portaient pas leurs noms de baptême, madame de Saulieu le leur donnait seule.

— Mes enfants, nous souperons vite, n’est-ce pas ?

— Ma mère, vous êtes fatiguée, vous voulez vous coucher ?

— Non, je veux causer avec vous.

— Et pourquoi ?

— Vous le verrez tout à l’heure. C’est un entretien grave que je réclame, il décidera peut-être de votre avenir. Soupons d’abord.

— Grand’mère, je n’ai plus faim.

— Enfant !

— Grand’mère, vous avez vu M. de Ravière ?

— M. de Ravière est parti pour Paris,

— Ah ! sans nous !

— Voilà pourquoi nous n’y allons pas.

— Le vilain homme !

— Béatrix, M. de Ravière est mon ami.

— C’est vrai, ma grand’mère, pardonnez-moi. Soupons !

Les trois dames se mirent à table. Les usages du temps, si cérémonieux, reléguaient madame Legrand au bout inférieur, avec l’écuyer et la demoiselle suivante de la marquise. Le repas fut silencieux ; les jeunes filles essayèrent en vain de l’égayer ; malgré elles,