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— Madame la marquise s’était résignée à vaincre sa répugnance pour votre avantage, elle croyait devoir vous mener à Paris et vous présenter à la cour. Sa santé ne le lui a pas permis, c’est là tout ce que je puis vous dire, car il n’y a pas autre chose.

— Allons ! nous resterons donc, puisqu’il le faut, et sans nous plaindre encore, ma bonne grand’mère en serait trop affligée ; elle aime tant à nous faire plaisir.

— Voici l’heure de son souper, ne la faites point attendre, mes chères filles ; à l’âge de madame de Saulieu, les habitudes sont des nécessités. Soyez gaies, si cela vous est possible, faites-lui sa lecture habituelle, que Béatrix soigne le pauvre Cyrus, enfin déployez vos grâces et vos attentions, elle sera sensible à tout.

Les trois femmes se dirigèrent vers le château ; madame Legrand marchant un peu en arrière de ses élèves et les épiant du regard. Une crainte qu’elle dissimulait agitait son cœur, elle cachait à ses enfants, si novices encore, quelque douleur ou quelque préoccupation. La cloche du souper se fit entendre, mesdemoiselles de Saulieu se mirent à courir, et cette course emporta leurs regrets ; elles arrivèrent aux pieds de leur aïeule, essoufflées et souriantes, se tenant par la main, et toutes deux lui présentèrent leur front qu’elle baisa.

— Que Dieu vous bénisse, mes chères bien-aimées ! dit la marquise.

— Merci, ma mère, répondit Isabelle, mademoiselle de Saulieu. Selon l’usage du temps elles avaient cha