— Et si Jacques était ici encore !
— Jacques est un bel officier, qui s’amuse à sa garnison et qui ne pense guère à nous.
Isabelle rougit et détourna son visage pour cacher sa rougeur. Béatrix ne s’en aperçut pas, elle continua :
— Eh bien, que décidez-vous ?
— Je ne sais encore vraiment. On nous apprendra peut-être le motif de ce changement, nous pourrons agir en conséquence.
— Madame Legrand ne nous dira rien.
— Ma grand’mère parlera.
Toutes deux se regardèrent en souriant.
— Ma grand’mère nous contera tout ce que nous voudrons savoir, et si nous la prions bien, elle nous mènera à Paris malgré tout. Et Paris, jugez donc, Paris ! les promenades, les fêtes, la cour ! Tout ce que nous voyons dans les livres et que nous ignorons ! Nous, pauvres enfants, habitant Saulieu depuis notre enfance, n’ayant jamais aperçu une ville, pas même la plus petite, excepté Vivonne, qui n’est qu’un gros bourg.
— Je me suis souvent demandé pourquoi on nous renfermait ainsi, pourquoi nous ne menions pas la vie de tout le monde. Il doit y avoir un motif.
-Oh ! je le sais bien, moi ! répliqua Béatrix d’un air important.
— Vous le savez ?
— Oui.
— Comment se fait-il alors que je ne le sache pas ?