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et c’est à la suite de cette conférence que le voyage a été rompu.

— Je ne m’en consolerai jamais, Béatrix, car à présent l’occasion ne se présentera pas. M. de Ravière avait bien besoin de se mêler de cela. Qu’a-t-il pu dire à notre gouvernante ? C’est elle sans doute qui aura décidé, et ma grand’mère n’a pas d’elle-même pensé à nous affliger ainsi !

— Je vous assure, ma chère Isabelle, que je n’y comprends rien. Certes nous avons le droit de nous plaindre. Ce n’est ni vous ni moi qui avons imaginé ce départ : l’idée de Paris ne nous serait pas venue sans nous être inspirée. On nous a annoncé que nous y passerions l’hiver avec ma grand’mère et madame Legrand, nous nous sommes arrangées là-dessus ; nous avons formé nos projets, et maintenant on nous refuse ce qu’on nous avait offert, en nous grondant même, je gage, si on s’apercevait que nous sortons du parc. C’est criant d’injustice, et tout cela pour M. de Ravière.

— Je détesterai M. de Ravière !

— Non, ma sœur ; non, il fut l’ami, le compagnon d’armes de notre père, il l’a vu mourir, il nous a apporté sa dernière volonté, il a consolé jusqu’à sa mort notre pauvre mère, il a consolé notre aïeule, lorsqu’elle les eût perdus tous les deux, il ne faut pas le détester, mais il faut le combattre, il faut lui apprendre à ne pas nous ôter nos plus chères espérances, vous verrez. comme il sera confus.